La responsabilité sociale des entreprises (RSE) prend une place croissante dans l'écosystème des startups et du capital-risque. De plus en plus d'entrepreneurs intègrent des éléments RSE dans leurs pitch decks pour séduire les investisseurs. L'intégration de la RSE dans un pitch deck présente à la fois des opportunités et des contraintes. Si cette méthode peut renforcer l’image et l’attractivité d’un projet, elle peut aussi susciter des interrogations sur son authenticité et son influence réelle. Analyser ces différents aspects permet de mieux appréhender les implications de cette démarche et son rôle dans l’entrepreneuriat et l’investissement. Par ailleurs, la labelisation RSE a un rôle de plus en plus important pour les entreprises, notamment les startups et les PME à la recherche de financements.

Analyse du concept de RSE dans le contexte des pitch decks

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) repose sur l’intégration volontaire de préoccupations sociales et environnementales dans les activités commerciales et les relations avec les parties prenantes. Dans un pitch deck, elle permet à une startup de valoriser ses engagements en matière de durabilité, d’éthique et d’effet sur la société. Son intégration peut se traduire par la mise en avant de la mission sociale ou environnementale de l’entreprise, la démonstration de pratiques éthiques, ou encore l’illustration des effets bénéfiques du produit ou service proposé. Respecter certains standards RSE renforce également la crédibilité du projet auprès des investisseurs, soulignant que la startup génère une valeur financière, mais aussi un effet sociétal important.

La RSE sur l'évaluation des startups par les VCs

L’intégration de la RSE dans l’évaluation des startups par les fonds de capital-risque suscite des débats. Pour certains investisseurs, les indicateurs ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) font désormais partie intégrante du processus de due diligence et influencent les décisions d’investissement. D’autres acteurs du capital-risque adoptent une posture plus prudente, mettant en avant les fondamentaux financiers et les perspectives de croissance comme principaux indicateurs de viabilité.

Indicateurs ESG utilisés par les sociétés d'investissement

Des sociétés d'investissement spécialisées dans la gestion d'actifs sur les marchés privés ont par exemple mis en place une grille d'analyse ESG systématique pour évaluer les startups. Parmi les indicateurs examinés figurent la gouvernance, l'empreinte carbone, la diversité des équipes ou encore l'effet sociétal du produit.

Une startup avec un bon profil ESG présente potentiellement moins de risques et plus d'opportunités à long terme. La RSE est donc vue comme un moyen de compétitivité et de pérennité.

Intégrer la durabilité dans le processus d'investissement

De son côté, une banque publique d'investissement a développé une méthode qui propose aux startups des financements dont les conditions sont indexées sur l'atteinte d'objectifs RSE prédéfinis. Par exemple, le taux d'intérêt peut être bonifié si la startup atteint certains KPIs environnementaux ou sociaux.

Cette méthode est un moyen de faire correspondre les intérêts financiers avec les objectifs de durabilité. Cela permet aussi d'évaluer, dans la durée, la capacité des startups à tenir leurs engagements RSE.

Stratégies d'intégration efficace de la RSE dans un pitch deck

Pour intégrer de manière efficace la RSE dans un pitch deck, plusieurs stratégies peuvent être mises en œuvre. L'enjeu est de démontrer que la RSE fait partie intégrante du modèle d'affaires et ne ne consiste pas seulement à des déclarations d'intention.

Quantification de l'effet environnemental via l'analyse du cycle de vie

Une méthode consiste à quantifier de façon rigoureuse l'effet environnemental du produit ou service via une analyse de cycle de vie (ACV). Cette méthode normalisée permet d'évaluer les effets à chaque étape : extraction des matières premières, fabrication, transport, utilisation et fin de vie.

Présenter les résultats d'une ACV dans le pitch deck apporte de la crédibilité aux allégations environnementales. Cela démontre aussi une véritable démarche d'éco-conception.

Démonstration de l'adéquation avec les objectifs de développement durable de l'ONU

Une autre stratégie pertinente est de démontrer l'adéquation de la startup avec les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l'ONU. Ces objectifs sont désormais une référence internationale en matière de RSE.

L’intégration d’une matrice dans le pitch deck permet d’illustrer concrètement la contribution de la startup aux Objectifs de Développement Durable (ODD) et d’ancrer sa démarche RSE dans un cadre global. En mettant en évidence les initiatives et leur adéquation avec ces objectifs, cette méthode renforce la pertinence du projet, notamment pour les startups axées sur l’effet social ou environnemental.

Utilisation du référentiel B corp pour structurer l'argumentaire RSE

Le référentiel B Corp, reconnu pour certifier les entreprises à influence positive, est un cadre structurant pour intégrer la RSE dans un pitch deck. Même sans viser une certification officielle, une startup peut s’appuyer sur ces éléments pour s’auto-évaluer et présenter ses engagements de manière claire et crédible.

Ce référentiel couvre cinq grands domaines : gouvernance, collaborateurs, collectivité, environnement et clients. En l’utilisant, l’entreprise donne une vision globale de sa démarche RSE et se positionne par rapport aux principes reconnus.

Risques potentiels du greenwashing dans les pitchs RSE

Si l'intégration de la RSE dans un pitch deck peut être un atout, elle comporte aussi des risques, notamment celui du greenwashing. Ce terme désigne le fait de donner une image écologique trompeuse à des pratiques qui ne le sont pas réellement. Les investisseurs sont de plus en plus vigilants en présence de ce phénomène.

Avantages des allégations RSE par les fonds d'impact

Les fonds d'impact spécialisés dans le financement d'entreprises à effet positif, exercent un examen particulièrement détaillé des allégations RSE. Ils vérifient en détail la réalité des pratiques.

Par exemple, ils peuvent demander systématiquement des preuves chiffrées de l'effet social ou environnemental revendiqué. Le fonds analyse aussi la cohérence globale de la démarche RSE : un projet présenté comme écologique mais impliquant de longs transports sera par exemple questionné.

Techniques de due diligence RSE employées par les investisseurs avisés

En présence des risques de greenwashing, les investisseurs développent des techniques de due diligence RSE de plus en plus poussées. Certains fonds font par exemple appel à des agences de notation extra-financière pour évaluer les startups. D'autres réalisent des audits RSE détaillés avant d'investir.

Ces techniques peuvent inclure des visites sur site, des entretiens avec les parties prenantes ou encore l'analyse de la chaîne d'approvisionnement. L'objectif est de vérifier l'adéquation entre le discours RSE et la réalité des pratiques. Une startup doit donc être prête à étayer chacune de ses allégations RSE par des preuves concrètes.

Perspectives d'évolution de la RSE dans l'écosystème startup français

L'intégration de la RSE dans les pitch decks s'inscrit dans une tendance de fond qui devrait se renforcer dans les années à venir. Plusieurs éléments contribuent à cette évolution de l'écosystème startup français.

Effet de la loi PACTE sur les attentes RSE des investisseurs

La loi PACTE de 2019 a enrichi le droit des sociétés en intégrant la notion de raison d’être et en instituant le statut d’entreprise à mission. Ces mesures encouragent les entreprises, y compris les startups, à formaliser leur effet sociétal et à affirmer une vision qui dépasse la seule recherche de profit.

Cette évolution législative influence les attentes des investisseurs. De plus en plus de fonds demandent aux startups d'établir leur raison d'être et d'expliquer comment elles comptent avoir un effet positif.

Rôle de France Invest dans la promotion des conditions ESG

L'association France Invest, qui regroupe les acteurs du capital-investissement français, est active dans la promotion des conditions ESG. Elle a notamment publié une charte d'engagements des investisseurs pour la croissance, qui insiste sur la RSE.

Elle organise régulièrement des formations et des événements sur ces sujets. L'association pousse ses membres à intégrer systématiquement les données ESG dans leurs processus d'investissement. Cette dynamique contribue à faire de la RSE un élément incontournable des pitch decks.

L’intégration de la RSE dans les pitch decks s’impose comme une évolution majeure, donnant des opportunités en soulevant des problèmes considérables pour les startups. Si elle peut renforcer l’attrait d’un projet, son adoption nécessite une analyse rigoureuse et authentique afin de convaincre des investisseurs de plus en plus exigeants sur ces aspects. Trouver l’équilibre entre engagement sociétal et viabilité économique devient nécessaire pour tirer pleinement parti de cette dynamique et maximiser l’effet du projet.